
La favorite de Matthias Lehmann
Dans La favorite de Matthias Lehmann (publiée chez Actes Sud), le ton est donné dès la première page. On y aperçoit Constance, une petite fille à l’allure terrorisée que surplombe une grand-mère plus proche de la sorcière que de la parente pétrie de douceur… Ses parents, elles ne les connaît pas. Ils seraient morts dans un accident quelconque. Élevée par ses grands-parents dans un château de la Brie, Constance n’a jamais été autorisée à sortir de la propriété. C’est sa grand-mère qui lui fait la classe et bien souvent elle est punie de manière plus que sévère. Le grand-père est plus affable bien que couard et consent par ses silences.
Différente et sciemment mise à l’écart, Constance ne se laisse pas pour autant abattre et continue – dès que le moment s’y prête – ses jeux d’enfant. Noirette la chatte du jardin l’accompagne dans ses aventures solitaires jusqu’à l’arrivée du nouveau personnel qui pourrait bien tout changer dans le quotidien cauchemardesque de l’enfant…
Une bande dessinée dont j’aurais aimé vous parler en long, en large et en travers. Il est cependant difficile de trop vous en parler sans gâcher tout la surprise et le plaisir liés à cette découverte bédéesque. Les illustrations pareilles à des gravures toutes en monochromie sont superbes et en accord parfait avec l’histoire qu’elles racontent. Le tout offre une sorte de mélange détonnant entre le graphisme sombre d’un Charles Burns et l’atmosphère onirique de l’enfance d’un Guillaume Bianco… Une réussite !